Fer, âge du, période de la protohistoire marquée par l’utilisation du fer pour la fabrication d’armes, d’outils et d’objets variés. Le terme s’applique surtout aux cultures européennes qui succédèrent à celles de l’âge du Bronze.

Le monde grec utilisa le fer à partir de 1000 av. J.-C. En Europe occidentale, l’âge du Fer débuta vers 750 av. J.-C. En Europe septentrionale, il commença vers 500 av. J.-C. La fin de l’âge du Fer est fixée à des dates, variables selon les pays, qui correspondent à la formation et à l’expansion des civilisations grecque ou romaine (voir Antiquité). Le Fer est présent à partir du IIe millénaire av. J.-C au Proche-Orient et en Égypte, vers 1100 av. J.-C. en Inde, peu avant 500 av. J.-C en Chine, et à partir de 500 av. J.-C. en Afrique.

Le fer météoritique, martelé à froid, fut employé très tôt, ainsi que le minerai de fer terrestre utilisé comme fondant dans la réduction du cuivre. La plaque de fer en forme de croissant retrouvée dans une tombe d’Alaça Höyük, en Anatolie, est datée du IIIe millénaire. . Le nouveau matériau et sa métallurgie gagnèrent progressivement l’Ouest grâce aux nombreux mouvements de populations, maritimes et terrestres. Mais les autres métaux — bronze, or, argent — continuèrent à être abondamment utilisés, en particulier pour la fabrication de parures et d’objets précieux.

Métallurgie du fer

La métallurgie du bronze et celle du fer sont très différentes. Le principal avantage du fer sur le bronze est que les minerais dont il est tiré sont très répandus, contrairement à ceux de cuivre et d’étain. C’est aussi un métal pur et non un alliage. Il est plus résistant que le bronze, mais plus difficile à travailler. Il ne fond qu’à une température très élevée, au-delà de 1 500!°C.

Les premiers fours, comme ceux des bronziers, étaient de petites fosses. Puis fut inventé le bas-fourneau, fosse surmontée d’une cheminée d’argile façonnée autour d’une armature en clayonnage et percée de deux trous, pour l’oxygénation et pour l’évacuation des scories liquides. On estime que 50 kg de minerai donnait 30 kg de scories, dont on pouvait tirer une douzaine de kilos de fer. Le minerai concassé étant jeté dans le four chaud avec du charbon de bois, l’approvisionnement en combustible devint donc la contrainte majeure. La combustion pouvait être accélérée au moyen de soufflets. La cheminée était brisée pour récupérer la loupe de fer et de scories, masse spongieuse qu’il fallait marteler vigoureusement à chaud sur une enclume pour éliminer les impuretés et obtenir une barre de fer. Cette chaîne opératoire durait environ six heures.

La cémentation, adjonction de carbone pour obtenir de l’acier, fut peut-être maîtrisée au Ier millénaire av. J.-C. comme le laissent supposer les objets de fer moulé découverts à Hasanlu, en Iran. Les métallurgistes celtes la pratiquèrent ainsi que la technique du corroyage (ou paquetage), qui consiste à marteler ensemble plusieurs barres de fer différemment carburées pour en combiner les diverses qualités de souplesse ou de dureté. Voir Sidérurgie.

Europe

Le fer apparut sporadiquement dans les cultures appelées "!champs d’urnes!" de l’âge du Bronze récent (ou final) en Europe centrale. Un savant détermina une première culture de l’âge du Fer en Europe occidentale sous le nom de Hallstatt, village des Alpes autrichiennes, important lieu d’exploitation du sel à partir de la fin de l’âge du Bronze, dont la nécropole avait livré de longues épées en fer. Quelque 1 300 tombes ont été fouillées à ce jour. Les objets précieux et prestigieux qu’elles contiennent, dont de nombreux objets d’importation, sont la preuve de la vitalité de l’exploitation saline au sein d’un vaste et dense réseau commercial. Dans les longs réseaux souterrains de la mine de sel ont été retrouvés des pics de métal, des sacs à dos de cuir et bois, des baquets de bois et des faisceaux de tiges de résineux, sortes de longues allumettes que les mineurs devaient tenir entre les dents pour s’éclairer.

La seconde culture de l’âge du Fer européen fut établie à partir du site de La Tène, sur les rives du lac de Neuchâtel, en Suisse, où furent découverts sous les eaux plus de 2 500 objets (armes, parures et outils), dont de nombreux en métal. Leur association avec des ossements animaux et humains ainsi que leur présence dans un bras mort de rivière incitent à penser que le site était un lieu d’offrandes et de sacrifices.

Cette classification reposait, en outre, sur l’idée de rupture culturelle produite par l’arrivée de cavaliers hallstattiens, les Celtes, en Europe occidentale. La continuité culturelle entre l’âge du Bronze et l’âge du Fer est, au contraire, de plus en plus mise en évidence. Pour l’Europe occidentale, les archéologues distinguent aujourd’hui le premier âge du Fer, de 800 à 500 av. J.-C., pendant lequel le fer est surtout utilisé pour fabriquer des armes, et le second âge du Fer, de 500 av. J.-C. au début de notre ère, où le fer est utilisé pour réaliser de nombreux objets de la vie quotidienne. Des milliers de clous de fer sont employés, par exemple, pour joindre les poutres des remparts gaulois, les murus gallicus, murs de pierre renforcés par des structures de bois, ou assembler des planches dans les maisons.

Asie

En Inde, les premiers objets en fer, des armes, apparurent vers 1100 av J.-C. en même temps qu’une céramique grise.

La métallurgie du fer, comme celle du bronze, se développa indépendamment en Chine. Elle servit à fabriquer des outils et des instruments agricoles alors que les armes restèrent longtemps en bronze. Des haches de bronze au tranchant de fer météoritique sont datées de la fin de l’époque Shang, ou du début de l’époque Zhou (XIe siècle av. J.-C.), époques où l’écriture existait déjà. Le fer fut ensuite martelé. Vers 500 av. J.-C., les Chinois réussirent à fondre le fer grâce à la fabrication de fourneaux et de creusets en argile réfractaire.

Afrique

La diversité des techniques de métallurgie du fer en Afrique subsaharienne ainsi que la qualité des gisements ferreux et la dispersion des sites d’apparition du fer laissent penser qu’il y eut plusieurs expériences locales. L’hypothèse de diffusion à partir de la côte méditerranéenne ou de la vallée du Nil et du Soudan est dépassée.

 

           
  PAYS PRODUCTION EN 1994*
(millions de tonnes)
EXPORTATIONS EN 1994
(millions de tonnes)
IMPORTATIONS EN 1994
(millions de tonnes)
 
  Chine 239  
  Brésil 168 125  
  Australie 129 126  
  Russie 73 32 (ex-URSS)  
  États-Unis 58 17  
  Inde 58 28  
  Ukraine 54  
  Canada 37 30  
  Afrique du Sud 32  
  Japon 116  
  Allemagne 43  
  Belgique / Luxembourg 129  
  Italie 16  
  Total mondial 975 430,5 414,5  
           
  * Seules sont indiquées les productions supérieures à 30 millions de tonnes.  
           
  Source : Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED)